mercredi 14 avril 2010

1 SEMAINE EN HAÏTI par le Collectif Haïti de France

Nous travaillons de temps en temps en lien avec le CHF, et nous saluons leur travail d'investigation qui nous permet aujourd'hui, à-travers leur lettre hebdomadaire, de vous donner des informations complémentaires ET justes sur la situation en Haïti:


Une Semaine en Haïti du 13 avril 2010
Numéro 9 spécial séisme 2010

L’ensemble des articles publiés dans Une Semaine en Haïti est rédigé par notre partenaire Haïtien Alterpresse.

 Haïti : 3 mois après le séisme du 12 janvier 2010…
 Risques d’ouragans majeurs dans les Caraïbes en 2010
 Un processus de forfaiture entamé avec le vote d’un projet de loi d’urgence
 Commission intérimaire : meilleur compromis possible selon Didier LE BRET
 Une réouverture des classes ratée le 5 avril 2010
 La gratuité des médicaments prolongée pour 3 mois


Après une absence de deux semaines, Une Semaine en Haïti est de retour avec un numéro double.


>>> Haïti : 3 mois après le séisme du 12 janvier 2010…


La solidarité sociale, entre citoyennes et citoyens, en dehors de toute articulation avec les institutions de l’Etat, quasi-inopérantes, reste la note dominante de la situation globale en Haïti, environ trois mois après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Dans les camps de personnes déplacées et de sans abris, ayant perdu proches et biens en une minute, la population tente de s’adapter et d’imaginer de nouvelles formes d’existence, malgré l’absence d’exercices de simulation institutionnelle sur les changements de comportements à adopter, en cas d’une nouvelle catastrophe.

Des étalages informels de marchandises et de produits de première nécessité sont installés, à l’intérieur des camps, dans des espaces déjà très réduits, mais qui accueillent de nombreuses personnes et des familles dépourvues de logements, depuis le 12 janvier.

Les personnes déplacées et autres sans abris entreprennent également des activités de petit commerce, génératrices de revenus, pour subvenir aux besoins de leur famille.

Dans certains cas, ces personnes, particulièrement les femmes, ont été bénéficiaires de subventions en espèces de la part d’ONG, lesquelles s’efforcent d’encourager des formes de vivre ensemble par différentes actions de thérapie collective, d’animation socioculturelle et éducative au profit des enfants, ainsi que par des opérations d’assainissement pour prévenir la propagation de maladies.

A date, aucune épidémie n’a été déclarée dans les camps, malgré le caractère précaire des logements établis pêle-mêle et dans des conditions inappropriées.

Le courage et la détermination des personnes déplacées sont salués par différents organismes internationaux, conscients des tentatives de reprise en main et de survie faites par la population qui manifeste une volonté de se relever et un dépassement incroyables dans l’adversité.

Les répliques légères qui continuent, de temps à autre, vont se poursuivre, parfois avec intensité, suivant les prévisions du Bureau haïtien des mines et de l’énergie (Bme). Début avril 2010, le renouvellement de répliques a provoqué une certaine panique parmi les rescapés dans différents quartiers de Port-au-Prince, présentant la forme d’une cuvette de maisons construites pêle-mêle sans respect des normes parasismiques.

Les spécialistes du Bme appellent la population à observer de la prudence face aux possibilités d’activation, à des moments encore difficiles à prévoir, des failles qui traversent Haïti.
Cependant, aucune forme concrète de sensibilisation sur les risques d’activation des failles qui traversent la République d’Haïti n’est faite, excepté quelques spots radiophoniques diffusés à l’initiative de l’Association nationale des médias haïtiens (Anmh) et de l’Association des médias indépendants d’Haïti (Amih).

Une apparence de normalisation des activités est constatée dans la zone métropolitaine de la capitale Port-au-Prince, la plus frappée par le tremblement de terre.

Divers services et organisations d’accompagnement mettent en œuvre des stratégies de reprise effective de leurs activités.

Une partie de l’aire de l’aéroport international de Port-au-Prince, également affecté, est utilisée par plusieurs agences de l’organisation des Nations Unies (ONU), y compris par la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), dans des structures rapidement édifiées avec des caractéristiques parasismiques et par le gouvernement haïtien.

Pourtant, réalité oblige, de nombreuses rues sont fermées à la circulation, non seulement par les victimes du séisme – involontairement forcées à occuper des espaces ouverts et potentiellement sécuritaires, en lieu et place de logements ou d’habitats détruits ou fissurés – mais aussi et surtout, depuis quelques semaines, par des monticules de gravats et autres débris près des décombres.

Le processus de déblaiement est surtout assuré par des ouvriers qui, quelquefois, se blessent ou perdent leur vie au moment des travaux.

Un nombre important de camions de la compagnie nationale des équipements (Cne), qui étaient chargés d’enlever les débris après le tremblement de terre, a été transféré dans différentes villes de province, en vue de se préparer à la prochaine saison cyclonique 2010, selon les autorités gouvernementales.

Il en résulte de longs et terribles bouchons, renforcés, en certains endroits, par la fermeture provisoire de certaines artères en raison de distribution alimentaire, sous surveillance de la Minustah, le contingent militaire étasunien, déployé dans le pays après le tremblement de terre, et d’unités de la Police nationale d’Haïti (Pnh).

Trois mois après le séisme, la non implication de la population nationale et des structures organisées du pays, encore exclues, dans le plan soumis aux bailleurs de fonds le 31 mars, reste une préoccupation majeure, d’autant que le gouvernement cherche à obtenir du parlement une autorisation de « pleins pouvoirs » par un vote d’une loi d’urgence sur 18 mois, au-delà de la fin du mandat de René Garcia Préval comme président le 7 février 2011.



>>> Risques d’ouragans majeurs dans les Caraïbes en 2010



Des experts en météorologie de l'Université d'Etat du Colorado (Etats-Unis d’Amérique) prévoient la possibilité d’ouragans majeurs, en 2010, sur les Caraïbes, avec un fort réchauffement anormal de l’Atlantique.

Environ 15 tempêtes tropicales et 8 ouragans, dont 4 seront des ouragans majeurs (de catégorie 3 ou plus sur l'échelle de Saffir-Simpson qui en compte 5), pourraient frapper la région.
En 2008, les cyclones Fay, Gustave, Ike et Hanna, qui avaient secoué Haïti, avaient affecté 800 mille personnes et provoqué la mort d’environ un miller dans la république caribéenne. Sur le terrain, le programme alimentaire mondial (Pam) a pris des dispositions de prévention en entreposant à l'avance, dans plusieurs départements géographiques d’Haïti, des provisions alimentaires, des camions et autres fournitures.

De leur côté, les autres agences des Nations Unies ont identifié, dans Port-au-Prince, sept camps qui présenteraient de «hauts risques» pendant la saison des pluies et des ouragans.


>>> Un processus de forfaiture entamé avec le vote d’un projet de loi d’urgence


Un processus de forfaiture semble être entamé au parlement, avec le vote, intervenu le jeudi 8 avril 2010 à la chambre des députés, d’un projet de loi d’urgence, qui accorderait à l’Exécutif les « pleins pouvoirs » sur 18 mois (avril 2010-
octobre 2011), sans aucune possibilité de contrôle du Parlement. Ce projet de loi anticonstitutionnelle suscite la controverse dans les milieux politiques en Haïti, au moment où des promesses d’environ 10 milliards de dollars américains (US $ 1.00 = 42.00 gourdes ; 1 euro = 56.00 gourdes aujourd’hui) viennent d’être faites au sommet des bailleurs de fonds, sur Haïti le mercredi 31 mars.

Le qualifiant d’ « immoral » et d’ « illégal », une coalition d’une quarantaine d’organisations socio-politiques rejette le document, soumis au parlement, par le gouvernement en vue d’une prolongation de l’état d’urgence pour une période de 18 mois.

Le projet de loi d’urgence mentionne la formation d’une commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (Cirh), une structure « ponctuelle » composée d’Haïtiens et d’étrangers, coprésidée par le premier ministre Jean Max Bellerive et l’envoyé spécial de l’Onu, l’ex président américain William Jefferson Clinton, à laquelle sera confiée la gestion et la validation des projets de reconstruction.

Même si une précédente loi a été votée, en 2008, au lendemain du désastre causé par le passage de quatre cyclones, la constitution haïtienne ne prévoit pas d’état d’urgence.

La loi d’urgence de 2008 a permis de dépenser 197 millions de dollars « sans explication claire jusqu’à présent », tandis que, depuis le 12 janvier, 163 millions de dollars ont été déboursés par le gouvernement, « sans aucune trace ».

Entre temps, aucune information ne filtre sur le mode d’application des fonds, promis le 31 mars, pour la reconstruction du pays.



>>> Commission intérimaire : meilleur compromis possible selon Didier LE BRET


La commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (Cirh), appelée à valider et à gérer les projets de reconstruction en Haïti, serait le meilleur compromis possible, susceptible de rassurer la communauté internationale dans la mise en œuvre du plan soumis le 31 mars, estime l'ambassadeur de France dans le pays, Didier Le Bret.

A son avis, il s’agit d’un secrétariat d’Etat qui agira en partenariat avec les ministères.

Le Bret écarte l’assertion de “mise sous tutelle d’Haïti”, soulignant que les 18 mois sollicités pour la période d'urgence constitueraient un temps minimum pour la mise en œuvre des programmes.



>>> Une réouverture des classes ratée le 5 avril 2010


La plupart des établissements scolaires, publics et privés, n’ont pas pu reprendre les activités académiques le lundi 5 avril 2010, dans le département de l’Ouest, contrairement à ce qu’avait annoncé le gouvernement, environ trois mois après le tremblement de terre du 12 janvier.

Beaucoup de sites, concernés par cette reprise, annoncée par le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, ne sont pas encore fonctionnels. Les aménagements continuent d’avoir cours.

De nombreux points restent encore en suspens : un nombre important d’élèves, encore traumatisés ou ayant perdu leurs parents, ou encore dépourvus de moyens avec des parents totalement sinistrés, se trouvent dans l’embarras pour retourner à l’école.

Il y a aussi la réalité de nombreux professeurs et autres enseignants qui ne savent point dans quelles conditions les cours vont être repris.

Encore une fois, une grand nombre d’élèves risque à nouveau d’être exclus de la nouvelle rentrée académique, apparemment forcée et non articulée avec les conditions objectives de milliers de personnes déplacées et de sans abris, faisant face, entre autres, à des difficultés d’approvisionnement et des pénuries diverses.

Les activités scolaires, qui pourraient connaître une certaine évolution dans l’Ouest, à partir du lundi 12 avril, devraient être dominées par des sessions d’appui psycho-social afin de faciliter la réadaptation des enfants traumatisés par la catastrophe du 12 janvier, indique un communiqué.

Au moins 500 lieux devaient être préparés pour recevoir les élèves et de nouveaux programmes et calendriers sont prévus pour la période d’avril à août 2010.

Environ 3000 tentes et structures provisoires de réception, des matériels pédagogiques et des fournitures scolaires ont été remis à des institutions scolaires.

Cependant, les tentes ne sont pas adaptées aux conditions créées par les pluies qui arrivent et la chaleur en milieu de journée.

Plusieurs syndicats d’enseignants critiquent la décision de reprendre les activités scolaires dans les zones touchées par le séisme, sans que la majorité des écoles détruites ne soient encore déblayées. Dénonçant la formule de réouverture «inadaptée» privilégiée par le Menfp, ils suggèrent plutôt l’installation de hangars.

Les autorités estiment à 2 milliards de dollars américains les fonds nécessaires à la relance du secteur éducatif fortement affecté par le tremblement de terre.

Seulement 20 % des 5000 écoles primaires et secondaires seraient demeurés « intactes » et des dizaines de milliers d’élèves, d’enseignants et membres de personnel éducatif ont péri dans la catastrophe.



>>> La gratuité des médicaments prolongée pour 3 mois


Se basant sur la disponibilité de stocks offerts par des partenaires, les autorités sanitaires haïtiennes prolongent, pour trois mois, le programme de distribution de médicaments gratuits pour les victimes du séisme.

600 millions de dollars sur les 800 millions de dollars attendus seraient déjà débloqués, selon le ministère de la santé publique et de la population.

Le gouvernement haïtien bénéficie de l'appui des gouvernements brésilien, cubain et vénézuélien qui ont intensifié la coopération afin de prendre en charge des victimes du séisme.

L'élaboration d'un plan intérimaire de santé devrait permettre d'améliorer l'accès aux soins de santé dans les camps ainsi que de renforcer les structures de santé affaiblies.

Henriette Chamouillet, représentante de l'Organisation Panaméricaine de la Santé / Organisation Mondiale de la Santé (OPS/OMS) invite les autorités à adopter de nouvelles dispositions après avoir examiné les inégalités dans les villes confrontées à des menaces importantes, comme les maladies infectieuses et chroniques.

Dans l’intervalle, la secrétairerie d’Etat à l’intégration des personnes handicapées (Seiph) a signé un accord de partenariat avec Handicap International et La Christoffel Blinden Mission (Cbm) dans l’objectif de mettre en place des structures d’encadrement pour soutenir les personnes handicapées, suite au séisme de janvier dernier.

Ces structures ou « antennes handicap » constituent des dispositifs temporaires, placés dans les camps, et qui apportent des services aux personnes âgées, blessées ou souffrant de tous types de handicap. Les services, totalement gratuits, concernent la physiothérapie, les soins psychosociaux et la fourniture d’aide alimentaire.

A l’initiative de la Seiph, plus de 3000 kits alimentaires et sanitaires et 567 tentes ont été distribués à des personnes ou à des organisations œuvrant dans le domaine du handicap. Handicap International, qui dispose d’un centre d’’attention médicale au nord de la capitale avec l’appui de Médecins sans frontières (MSF), a également distribué des matériels divers allant des béquilles aux cannes anglaises.

Le puissant tremblement de terre du 12 janvier a fait 300 000 blessés et conduit à environ 5000 amputations.

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